En 2025, près de 70 % des enfants entrant à l’école utiliseront quotidiennement des outils basés sur l’intelligence artificielle. À la maison, des assistants vocaux et des robots éducatifs participeront à l’acquisition des savoirs fondamentaux dès l’âge de trois ans.
On les appelle Bêta et, contrairement à ce que ce nom pourrait laisser croire, ils ne sont pas en phase de test. Nés après 2010, ces enfants évoluent dans un univers où la technologie n’a rien d’accessoire. Elle structure leur quotidien, façonne leurs apprentissages, et bouscule des repères scolaires qui semblaient immuables. Pour eux, manipuler une tablette ou parler à un assistant vocal relève de l’évidence. Les frontières entre mondes réel et numérique fondent. À l’école, les programmes s’adaptent à la vitesse de l’évolution technologique ; à la maison, ce sont les robots éducatifs qui répondent aux questions ou proposent des jeux d’apprentissage. L’éducation traditionnelle vacille, et avec elle, la façon d’apprendre, de comprendre et de s’ouvrir au monde.
Qui sont vraiment les enfants de la génération Bêta ?
Le mot génération Bêta vient du chercheur australien Mark McCrindle. Il s’applique aux enfants nés entre 2025 et 2039. Après les Baby Boomers, les X, Y, Z, puis les Alpha, c’est à ce nouveau groupe de faire entendre sa voix. D’ici 2035, la génération Bêta représentera près de 16 % de la population mondiale. Ce n’est pas juste une question de chiffres : cette percée correspond à un bouleversement culturel, porté par une innovation frénétique.
Pour McCrindle, ces générations ne sont pas des tiroirs fermés. Elles aident à identifier des tendances et à comprendre ce qui évolue dans nos sociétés. Prudence cependant : Michael Dimock avertit que l’abus de ces labels finit par caricaturer. Mieux vaut s’en servir comme outil de lecture qu’y voir une vérité définitive. La génération Bêta témoigne de l’accélération des transformations sociales, éducatives ou technologiques, mais chaque enfant façonne sa trajectoire, loin des clichés.
Pour mieux cerner ce groupe, quelques points méritent d’être précisés :
- La génération Bêta succède à la génération Alpha et précédera celles qui n’ont pas encore de nom.
- Ce groupe comptera lourdement dans les statistiques mondiales et influencera durablement Modes d’apprentissage, consommation, évolutions sociétales…
- Les enfants Bêta vivent dans un univers où l’automatisation, la connexion et l’intelligence artificielle font partie du décor quotidien.
Ce découpage générationnel éclaire certains mouvements profonds, mais la diversité reste immense. Enfants, environnements, destins : impossible de résumer une cohorte entière à quelques mots-clés.
Les nouvelles technologies au cœur de leur quotidien : une réalité en 2025
En 2025, automatisation et intelligence artificielle ne relèvent plus du futur. Elles sont partout. La maison connectée devient le centre d’apprentissage : gestion du temps, coup de main pédagogique, surveillance santé grâce aux objets intelligents. D’ici 2030, la quasi-totalité des familles équipées disposera d’au moins une solution intelligente dans leur foyer. La norme a changé de camp.
L’école s’aligne sur ce rythme. Réalité augmentée et réalité virtuelle s’invitent dans les salles de classe. On dissèque le corps humain en trois dimensions ; les périodes historiques se vivent comme des immersions interactives. Les robots domestiques, eux, poursuivent la mission à la maison : compagnons de jeu, soutien aux devoirs, parfois aide au quotidien.
Difficile d’ignorer l’ampleur du phénomène, comme le montrent ces tendances marquantes :
- Le marché mondial de l’IA pourrait bondir de 136 à plus de 1 500 milliards de dollars entre 2022 et 2035.
- Les objets connectés pour la santé pèseront près de 612 milliards de dollars en 2035.
Dès l’enfance, la présence du numérique appose sa marque. Cela implique de nouveaux réflexes, développe des compétences inédites, mais amène aussi des questions brûlantes : sécurité, gestion de la vie privée, réflexion éthique. Les enfants devront composer avec ces enjeux dès leurs premiers pas dans le monde connecté.
L’intelligence artificielle, amie ou défi pour les plus jeunes ?
Pour la génération Bêta, l’IA s’impose comme une interlocutrice à part entière. Les algorithmes proposent des parcours d’apprentissage à la carte, ajustent le niveau, encouragent, ralentissent, selon les besoins de chacun. D’après l’OCDE, ce type d’éducation personnalisée pourrait réduire de 40 % les écarts de niveau d’ici 2035. Sur le papier, la promesse séduit : chaque enfant se sentirait accompagné et compris dans sa progression.
Mais un autre revers s’annonce. Les risques de surcharge numérique augmentent. Les addictions aux écrans gagnent du terrain. Selon les prévisions, les troubles anxieux et dépressifs pourraient grimper de 30 % chez les jeunes à l’horizon 2040. Les heures passées devant un écran grignotent le temps consacré au jeu, à la détente, au sommeil. Apprendre à manier l’éthique numérique et à préserver ses données personnelles s’avère donc incontournable. Les experts signalent que le coût global des entorses à la vie privée pourrait atteindre plusieurs milliers de milliards de dollars d’ici la prochaine décennie.
L’automatisation transforme aussi la donne sur le marché du travail. L’université d’Oxford estime que près d’un métier sur deux pourrait disparaître ou basculer vers le tout automatisé d’ici 2040. Pour les enfants qui grandissent aujourd’hui, la flexibilité, la pensée critique, la créativité et l’aisance à collaborer avec ces intelligences prendront logiquement le pas sur l’apprentissage d’un métier figé. L’IA s’avère un atout considérable, mais peut devenir une contrainte si elle échappe à tout contrôle humain.
Éducation, créativité, relations sociales : quels enjeux pour accompagner cette génération connectée ?
L’arrivée de la génération Bêta à l’école fait bouger les lignes des méthodes éducatives. Les enfants de cette cohorte baignent dès la maternelle dans les outils pilotés par intelligence artificielle, côtoient la réalité augmentée, s’entraînent avec des robots compagnons du quotidien. La programmation, mais aussi la réflexion critique et la formation à la citoyenneté numérique, s’imposent plus tôt que jamais dans les cursus. Les enseignants, face à cet univers, ne se contentent plus de transmettre : ils apprennent à questionner les sources, à guider les élèves pour décrypter l’information, à cultiver la distance nécessaire dans la mer d’outils disponibles.
Mais la technologie seule ne suffira pas. Préserver une place centrale à la créativité s’avère salutaire. Les tâches répétitives passent aux machines : restent la capacité à innover, l’esprit d’initiative, la collaboration avec l’intelligence artificielle, et l’adaptabilité face à l’imprévu. Les adultes du futur devront résoudre des problèmes complexes, s’adapter et se réinventer en permanence. Le système éducatif devra répondre à ces nouvelles attentes.
Les liens humains se transforment sous ce déluge d’interfaces. Robots-auxiliaires, dispositifs connectés, assistants divers viennent bousculer l’apprentissage de l’empathie ou la lecture des émotions. Les institutions internationales insistent sur un point : rien ne remplace la présence humaine pour soutenir, rassurer et ouvrir à la diversité. Dans le même temps, la sensibilisation écologique avance : d’ici 2030, une large majorité des jeunes sera formée à la notion de développement durable et à ses enjeux. Cette génération, confrontée très tôt aux conséquences de la crise climatique, devra trouver des repères entre technologie et environnement.
La génération Bêta n’a pas choisi le monde ultra-connecté qui l’entoure, mais elle va devoir s’y inventer. Tous les outils sont là, toutes les questions aussi. Reste à savoir si elle transformera ces défis en nouvelles perspectives, ou si l’ère numérique imposera le dernier mot.


